Ancêtres de La Poste moderne, les offices de messagers royaux sont créés en 1576. Ils acheminent les courriers officiels mais sont autorisés à transporter les lettres des particuliers. Ils utilisent le réseau des relais de poste crées par Louis XI. Les premiers bureaux de poste apparaissent à la fin du XVIème siècle. La petite poste de Paris est créée en 1760 qui traite le courrier de paris pour Paris. C'est l'apparition du métier de facteur. Les petites postes s'implantent progressivement dans les grandes villes du royaume. Parallèlement à ces postes privées, la poste royale s'installe aussi dans les grandes villes et sont avec les relais de poste sous la charge de fermiers généraux. La révolution supprime ces privilèges et l'ensemble du réseau postal devient monopole d'état. L'ensemble du territoire, villes et campagnes, sera entièrement desservi en 1830 avec la création de la poste rurale. Le facteur rural effectuera d'abord une distribution tous les deux jours qui deviendra quotidienne à partir de 1832. Les premières années et contrairement au facteur de ville, l'administration ne dote pas le facteur rural d'une tenue. Il doit donc l'acheter à ses frais. Il y avait 5000 facteurs en 1830, ils seront 14300 en 1856 et 25000 en 1880.
1882 - 1906 - Facteur-chef de ville en redingote
Au début du XXème siècle, les facteurs font partie de la catégorie des sous-agents, ce qui les différencie des agents, employés des bureaux de poste et qui doivent passer un concours. Les anciens militaires sont prioritaires pour les emplois de facteur, facteurs ruraux pour les non–gradés, facteurs de ville pour les caporaux et sous-officiers. Ce sont les préfets qui choisissent les postulants civils pour les postes restant sur recommandations des maires, conseillers généraux ou députés ce qui favorise un certain clientélisme. Les aptitudes demandées sont de savoir lire, écrire, compter et posséder les qualités morales requises. Le rôle de la tenue clairement d'inspiration militaire est d'affirmer quotidiennement la présence de l'Etat, y compris dans les zones les plus reculées, les décorations militaires ou civiles y sont portées par de nombreux fonctionnaires.
1915 - Cape pèlerine de factrice
Septembre 1915, nombre de facteurs sont mobilisés au front, devant le manque de main d'oeuvre, l'administration décide d'employer comme facteurs auxiliaires les épouses de sous-agents décédés ou dans l'impossibilité de reprendre leurs fonctions pour fait de guerre. Par exemple, 120 factrices furent ainsi employées à Paris. La paix revenue, les factrices seront remerciées sans faire de vagues dans l'opinion publique qui voit mal des femmes travailler dans d'autres métiers que le télégraphe ou le téléphone. Même si le nombre de femmes dans les PTT augmente ( 26 000 en 1926 soit 14% des effectifs, 100 000 en 1957, 38% des effectifs), elles restent cantonnées à des postes spécifiques (Guichets, téléphone, chèques postaux) et principalement à des fonctions subalternes. Il faudra attendre 1974 pour qu'un décret ouvre le concours de préposé aux femmes.
Vers 1925, le terme de sous-agent disparait pour être remplacé par celui d’employé. A Paris, six distributions étaient quotidiennement effectuées pour les lettres et cinq pour les imprimés. Une seule était prévue le dimanche pour les lettres et les journaux. Le repos dominical sera accordé en 1906. Les facteurs étaient organisés en brigades dont certaines spécialisées comme celle des facteurs-poussetiers chargés de la distribution des colis ou celle des facteurs chargés de payer les mandats. Une brigade dite de réserve composée de facteurs dénommés rouleurs avait pour vocation à remplacer les facteurs absents. Dans les autres grandes villes de province, de deux à quatre tournées quotidiennes étaient effectuées. Les facteurs ruraux n’effectuaient qu’une seule tournée assortie de certaines opérations postales si la tournée traversait des agglomérations dépourvues de bureau de poste et relevait à deux reprises, à l’aller et au retour les boites aux lettres. Un usager ayant reçu une lettre le matin pouvait ainsi y répondre dans la journée. Jusqu'à 1899, les facteurs ruraux sont payés au kilomètre. La tournée du dimanche pour tous sera supprimée en 1941.
Entre 1913 et 1927, le trafic du courrier augmente de 75% alors que durant la même période, le nombre de facteurs s’est accru de 11% seulement. Afin de soulager les sacoches, l’administration instaure le système des dépôts-relais, une partie de la charge de travail est transportée dans des endroits convenus sur la tournée du facteur qui peut regarnir sa sacoche. Conditions de travail aggravées, bas salaires qui sont même baissés durant la crise économique des années 30, déclencheront plusieurs grèves.
Début XXeme siècle- Facteur en tenue d'été.
Facteur de Houlgate (Calvados) en tenue d'été en 1903.
Interieur du chapeau avec marque du fabricant et étiquette au nom et au grade du destinataire.
L'été 1900 est particuliérement caniculaire. Les facteurs étouffent sous leur képi. En août, l'administration les autorise à porter un chapeau de paille, achetés à leurs frais sur lequel ils placeront un bandeau de tissu noir avec le mot "Postes" en lettres dorées qui lui, sera fourni. Quelques mois plus tard, le chapeau de paille fera enfin partie de la dotation et restera dans la nomenclature jusque dans les années cinquante.
1939 -1952 - Facteur en tenue avec col "Aiglon"
Les facteurs de Guéméné-sur-Scorff (Morbihan) autour de leur facteur-chef à la fin des années 40. Le personnage nue-tête à la seconde rangée porte un brassard d'auxiliaire.
Brassard d'auxiliaire daté de 1944. Le tampon à coté des lettres "postes" brodées est postérieur.
La fin de la seconde guerre mondiale voit les facteurs éreintés. Outre les pertes humaines, ils ont accompli leur service dans des conditions terribles et ont souvent participé à la Resistance. Malgré le rationnement alimentaire, le manque de chaussures, de pneus pour les vélos, de tenues élimées non renouvelées, les facteurs font face à une augmentation du nombre de colis dont la plupart contiennent du ravitaillement à destination des villes affamées. Les agents auxiliaires, comme en 1914-18 majoritairement des femmes, sont employés en masse et servent de variable d'ajustement comme cela sera le cas dans toute l'histoire des PTT, mal payés, souvent non habillés par l'administration et seulement vêtus d'un brassard. En 1945, les agents des PTT à l'instar de la fonction publique, bénéficient du Statut des fonctionnaires qui contribuera à l'émergence d'une classe moyenne "postale".
1939-1952 - Facteur-receveur en tenue avec col "aiglon".
Les facteurs-receveurs implantés dans les zones trés rurales faisait également partie de la catégories des sous-agents. Ils effectuaient une tournée le matin et assuraient la tenue du guichet l'après-midi. L'ensemble des opérations postales était traité dans ces bureaux qui dépendaient cependant au niveau comptable d'un bureau centre. La tâche du facteur-receveur aurait été impossible sans une aide assurée trés souvent par l'épouse, non rémunérée par l'administration, qui tenait la permanence du bureau de poste pendant la tournée. Encore plus que les facteurs ruraux, le facteur-receveur était particulièrement considéré comme vecteur de lien social tout en contribuant largement à l'aménagement du territoire en milieu rural. Les facteurs-receveurs porteront la tenue des facteurs avec un écusson de col ou de képi spécifique jusqu'en 1957 où ils deviendont receveurs-distributeurs et porteront la tenue de préposé-chef . Ils deviendront enfin receveurs-ruraux en 1986.
Commentaires
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- 1. ROMEUF Le 20/02/2022
Plutôt bien habillés les postiers d'antan.
Site interessant.
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